Un paludier au royaume des Korrigans: une histoire de planification, de patience et de légendes
Un paludier au royaume des Korrigans: une histoire de planification, de patience et de légendes.
Cette photo de filé d’étoiles est une histoire de persévérance et de planification. Il aura fallu quasiment 2 ans pour pouvoir être enfin satisfait du résultat. Mais pourquoi aussi longtemps? Plusieurs paramètres devaient se rencontrer pour pouvoir faire cette prise de vue.
Tout a été une question de timing pour réaliser cette photo. C’est au bout de la cinquième tentative que j’ai pu enfin faire l’image que j’avais tellement de fois imaginée dans ma tête et en croquis. Mais quel bonheur d’être dans cet endroit plein de légendes sous un ciel avec tout autant d’histoires mythologiques. C’est une photo entre terre, ciel et mer, que l’homme a nourri d’innombrables histoires folles.
La planification de la prise de vue n’a pas été simple.Tout d’abord la position de la lune. Elle était importante pour plusieurs raisons. Sa capacité à éclairer le paysage en apportant sa lumière. Elle permet aussi de bleuter le ciel pour lui donner cette touche onirique que je trouve très important. De plus, n’oublions pas que le lieu de prise de vue est une grotte. Il est difficile d’éclairer les parois de l’intérieur. Le faire avec une lampe aurait trop aplati la roche. La luminosité de la lune est alors un bon moyen de mettre en valeur ce lieu très sombre. Il fallait calculer aussi la position de notre satellite naturel pour avoir son apparition au moment de la fin de la prise de vue, comme si elle venait tout juste passer la tête à travers les bord de la grotte.
Mais ce n’était pas la partie la plus compliquée. En effet la grotte est immergée quand la marée est haute. C’est ce qui fait le charme de la Bretagne ! Il fallait donc calculer tous les paramètres astronomiques en prenant en compte ceux de la marée. Donc entre la position de la lune, les horaires des marées ainsi que la nécessité d’avoir une nuit sans nuage pendant plusieures heures, les occasions de faire cette image n’étaient pas si nombreuses. Entre mon premier essai et la photo finale, il aura fallu 2 ans avec environ 6 essais pour comprendre un peu mieux le lieu.
Cette grotte est un lieu magique et magnifique. C’était un tel plaisir de faire de la photo dans cet écrin de pierre, de sel et d’eau. J’y ai vécu des moments irréels lors de mes différentes visites comme la nuit où la grotte et l’eau au premier plan de la photo étaient débordantes de bioluminescence. Un moment incroyable lié à la présence de phytoplancton dégageant de la lumière verte.
Si vous pensez que la prise de vue fut solitaire c’est que vous vous trompez. Dans la grotte, vous êtes accompagnés d’innombrables crabes et chauves-souris. Mais le plus bizarre est sûrement la présence silencieuse et troublante de petites créatures qui vous regardent sans que vous puissiez les voir: les Korrigans.
Les Korrigans sont des petites créatures bretonnes. Ils sont comparables à des lutins. Bienveillants ou malveillants selon les cas, ils peuvent faire preuve d’une extrême générosité, mais sont capables d’horribles vengeances.
L’histoire raconte qu’un soir d’hiver au moyen-âge, un paludier (sûrement celui de la photo) porta secours à une vieille femme très laide, qui grelottait dans une rue du bourg de Batz. Alors qu’il la recouvrait d’une couverture et lui servait une soupe chaude, la vieille femme se métamorphosa en une belle et très petite jeune femme, La Reine des Korrigans. La reine remercia le paludier en lui confiant le secret du trésor des korrigans, auquel on ne peut accéder que la nuit à la lueur des étoiles, par une porte magique au fond d’une grotte. Il parait même que cette porte renfermant la richesse des Korrigans mène jusqu’à Guérande. Mais est-ce bien une légende ?
Paludier au royaume des Korrigans / Fluctuat nec mergitur
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