Les merveilles boréales

Retour en mots et en images sur 7 jours et 7 nuits en Islande, à 66° de latitude nord, où les aurores boréales sont les reines de la nuit.

Il est rare de contempler un phénomène astronomique si fragile et sensible. Les amoureux du ciel nocturne ont souvent la possibilité de voir des objets célestes massifs comme des nébuleuses, des planètes, et dont les échelles de temps et de distance sont à l’image de notre univers, immenses. L’observation des aurores boréales invite à changer cette habitude, et à apprécier l’aléatoire, le bref, l’éphémère.

J’ai eu la chance en février d’accompagner un groupe de curieux lors d’un voyage organisé par l’Association Française d’Astronomie. Au programme du séjour: chasses aux aurores boréales, randonnées dans les déserts blancs et découverte de la géologie si particulière de l’île.

Notre refuge, situé à Holaskogur, était un point idéal pour toutes ces activités diurnes et nocturne. Posté dans le centre-sud de l’Islande, sous des cieux sans pollution lumineuse, non loin de l’Hekla, il fut le théâtre de moments magnifiques. Les nuits furent extrêmement généreuses avec nous. Dès notre arrivée à Holaskogur de nuit, le ciel s’habillait déjà du drap des aurores. 

Et c’est là que le jeu commence. Mais à quoi ressemblent les aurores boréales? La représentation de ce magnifique phénomène nous vient souvent de la photographie avec ces sublimes ciels verts. N’oublions pas que le capteur de l’appareil photo est bien plus sensible que nos yeux.

A l’œil nu, les aurores ne sont pas aussi colorées. Elles ont un aspect gris même si il est possible de vaguement entrevoir une note verdâtre.

Mais attention, cela ne rend pas le moment moins intense. Car les aurores bougent, se transforment, s’étirent ou encore se dilatent avant de disparaitre. Puis elles vous surprennent à un autre endroit de la voûte céleste sans vous prévenir. Parfois elles sont rapides comme un coup de pinceau dans le ciel, parfois elles inscrivent des dessins, des draperies ou des lignes plus solides.

Le ciel devient extrêmement dynamique en leurs présences. Elles semblent jouer avec l’observateur. Dans la mythologie finlandaise les aurores sont littéralement des « renards de feu » qui, courant dans le ciel, provoquent des étincelles avec leurs queues, illuminant le ciel. Les Vikings considéraient les aurores boréales comme le reflet des armures des Valkyries, redoutables guerrières chargées de mener les âmes jusqu’au Valhalla.

La photographie est très complémentaire de l’observation pure. Si notre œil nous permet de jouir du dynamisme du phénomène, l’appareil photo nous offre les couleurs: le vert, le violet, le rouge. C’est un vrai bonheur de jouer avec les deux.

Le cadrage est alors une question de réactivité. Il faut composer vite, car les dessins dans le ciel sont éphémères. Il n’y a pas vraiment de réglages pour prendre les aurores boréales en photo. Tout dépend de la vitesse de motifs au dessus de nos têtes. Le temps de pose est parfois de quelques secondes, parfois un peu plus. Il faut juste être dynamique et accepter le jeu que les aurores nous proposent.

Les photographier est alors une véritable chasse artistique car n’oublions pas que tout se passe de nuit, avec des températures islandaises hivernales, les mains dans des gants,  dans des sous-gants, des chaussures montées sur des pics à glace. Bref une formidable aventure.

Si les nuits islandaises sont incroyables, les journées le sont tout autant. La glace, les cascades et les paysages sont magnifiques: un sublime environnement lunaire blanc qui dépayse.

Si vous doutiez de partir là bas, n’hésitez plus. Amoureux de la photographie, l’Islande nous propose une palette aux couleurs multiples: le blanc de la glace, le noir de la roche volcanique, le vert des aurores boréales et le bleu de son ciel diurne. De quoi vous en mettre plein la vue.